Enfin ! Vous avez trouvé un mors à essayer. Mieux ! Vous avez enfin trouvé l’outil qui convient à votre cheval, à votre usage et à vos objectifs. Mais spoiler alert : sans les réglages adéquats…tous vos efforts resterons vains. Alors regardons une bonne fois pour toutes comment effectuer ces réglages, indispensables au bon usage de tout mors.
Régler le mors de filet
Le mors est réglé correctement lorsqu’il ne touche aucune dent : ni rênes détendues, ni rênes tendues. Il est au contact des commissures, sans tirer et le cheval doit pouvoir fermer la bouche et déglutir normalement.
Attention !
Les réglages se font obligatoirement muserolle ouverte.
Étape 1 : Rênes relachées
Le mors ne touche pas les crochets (canines) lorsque les rênes sont détendues. Pour contrôler, écarter délicatement les lèvres. Si il y a contact, remonter le mors.
Jument sans crochets ? RDV à l’étape suivante !

Étape 2 : Rênes tendues
Prendre et tendre les deux rênes comme à cheval.
Insérer avec précaution le pouce, pulpe du doigt vers le haut, dans la bouche, derrière le mors. Glisser le long de la barre supérieure (espace sans dent) derrière le mors.
Contrôler l’espace entre le mors et la prémolaire : il faut qu’il y ait au moins l’espace du pouce !

Mon mors a des traces de dents…normal ?
Certains matériaux, comme l’acier « doux », le plastique ou encore les alliages à base de cuivre peuvent marquer facilement, sans que cela n’entrave l’intégrité structurelle de l’embouchure2. Des marques peuvent donc être normales sur l’embouchure.
Toutefois, si le manque de matière est très important et que cela change la forme de l’embouchure : il y a problème !
Les entrées en contact du mors et des dents devraient être accidentelles avec des réglages adéquats, sur une embouchure adaptée. Si malgré de bons réglages, le problème persiste avec la même intensité, il faudra revoir l’adaptation de l’embouchure, mais aussi son usage. En effet, le contact accidentel est plus volontiers provoqué par les actions de main du cavalier que par les seuls mouvements mandibulaires du cheval.
Le mors touche les canines lorsqu’il n’y a pas de contact, mais est OK au niveau des prémolaires…que faire ?
Si votre cheval a peu d’espace entre ses prémolaires et ses canines ou/et que sa fissure labiale est basse, vous pouvez être confronté(e) à cette situation. La plupart du temps, faire un trou de réglage intermédiaire sur ces montants de mors peut suffire. Cet « inter-trou » permettra un réglage plus fin du mors et peut éviter ce problème.
Si le problème n’est pas réglé avec cette astuce, plusieurs cas de figure se présentent. Le premier est de se demander si le mors choisi est bien adapté à la structure de la bouche de son cheval3. Le second peut être d’ajouter un corrolaire à son bridon ou remplacer sa muserolle pour une de type allemande4 pour venir « maintenir » le mors dans son mouvement de descente et éviter ainsi qu’il atteigne les canines, tout en restant bien réglé vis-à-vis des prémolaires.
Régler le mors de bride : indispensable gourmette
Le décalage important entre l’attache des montants de mors et celle des rênes induit des forces en action de l’embouchure plus importantes que sur des mors à anneaux. Pour cette raison, les mors à branches sont généralement pourvus d’une gourmette. Cette dernière est sensée entrer au contact du menton lorsque le mors a tourné d’environ 45° dans la bouche du cheval, sous l’action des rênes.
Les forces en provenance des rênes rencontrent alors une surface dure via la gourmette. Ce contact permet alors « d’arrêter » la rotation de l’embouchure et distribuer la pression sur la dite surface.
Attention !
Les mors à branches présentent ce que l’on appelle un « avantage mécanique ». La distance des points d’application des forces au point de pivot amplifie en effet la force transmise via les rênes. Les mors de bride (et globalement les mors à branche) sont des outils au potentiel coercitif très élevé. Leur usage n’est donc pas anodin et doit être réfléchi.
En cas de mauvais réglage :
- Cas 1 : Gourmette trop sérrée.
Dans ce cas, la gourmette entre trop tôt au contact du menton, alors que le mors n’a pas fini de basculer et qu’une tension est toujours appliquée sur les rênes. Cette situation provoque un enserrement de la mandibule entre la gourmette et le mors dans la bouche. Elle provoquera une douleur aigüe localisée sous le menton du cheval. - Cas 2 : Gourmette trop lâche.
Laisser la gourmette flotter est fortement préjudiciable pour le cheval. Les forces transmises via les rênes ne rencontrent pas de surface sur lesquelles se répartir. Si la rotation continue encore, les montants de mors vont alors se tendre au maximum et reprendre la contrainte exercée par les rênes, la redistribuant au final vers la nuque. Avec un facteur correspondant à l’avantage mécanique des branches. Et pouvant aller j’usqu’à 1.5x la force mise dans les rênes.

Astuces et conseils
- Sécurité : attention au risque de blessures ! Effectuer les réglages après le passage du dentiste et s’entraîner sans mors au préalable
- Demander de l’aide à son dentiste pour mieux connaître la bouche de son cheval et ses structures
- Vérifier régulièrement que les réglages sont toujours bons
- Nettoyer le mors après chaque usage
- Fissure labiale haute, basse, lèvres fines ou charnues… ↩︎
- Attention toutefois aux polymères plastiques et caoutchouc, dont des morceaux pourraient être avalés… ↩︎
- Pour cela, le passage d’un(e) bit fitter ou d’un(e) conseiller(e) en ergonomie du matériel est recommandé ↩︎
- La muserolle allemande (adaptée !) est à privilégier au flash noseband (aussi appelé muserolle combinée) car elle respecte mieux la répartition des forces sur le bridon. ↩︎