Faire simple !

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Lorsque l’on s’interroge sur l’adaptation du matériel à son cheval (et non l’inverse), on peut rapidement se retrouver face à plusieurs problèmes : trop de choix, manque d’informations, avis contradictoires, marketing bien léché mais mensonger…

Ceci a non seulement tendance à nous perdre plus qu’on ne l’est déjà ou pire, à nous limiter fortement dans notre envie d’agir. Mais plus encore, ce « flou » nous pousse aussi à aller solutionner des problèmes…que l’on a en réalité pas du tout.

En bref !

En équitation, « l’ergonomique » et « l’anatomique » clefs en main et convenant à tous les chevaux n’existent pas. Un produit conçu sur un échantillon morphologique restreint (voire unique) ne peut convenir à toutes les variations morphologiques individuelles ? En ergonomie, ce qui est simple c’est ce qui est adapté. Ce n’est ni le nom de la marque ni la complexité du produit qui fait son efficacité, mais son adaptabilité, et sa technicité. Avant de complexifier quoi que ce soit (et augmenter, de fait, le prix) il est bon de reprendre “depuis le début”, en structurant sa recherche autour d’outils les plus épurés possibles.

Adaptation du matériel = prévention

Lorsque l’on demande à un cavalier bien intentionné et qui s’interroge sur tous les sujets équestres qui s’offrent à lui « Comment décririez-vous votre cheval ? », nous avons alors souvent en réponse les différents blocages, restrictions, sensibilités, anciennes blessures, traumatismes physiques, psychologiques… Cette rétrospective est très importante pour le suivi du cheval.

Mais de fait, beaucoup de cavaliers partent du principe que leur cheval – et leur propre corps de cavalier – est par nature dysfonctionnel. Et qu’il faut lui redonner sa pleine fonction. Le corps est en fait une fabuleuse « machine », qui ne va bien que quand il a la possibilité de voir l’ensemble de ses processus respectés. Pour ce qui concerne le matériel, le plus gros enjeu dans cette optique, c’est le respect du mouvement. Il faut le permettre, en toute circonstance, tout en veillant à garantir la fiabilité, la technicité et la sécurité qui vient autour.

Au sens plus large, le maintient de la bonne forme physique et mentale de votre cheval, reste la prévention. L’environnement, l’éducation, les paramètres de la domestication, l’activité physique et mentale de votre cheval forge assurément sa destinée et est une clé dans l’obtention de son bien-être. L’adaptation du matériel en fait partie.

Il arrive que parfois, à vouloir bien faire, on se rajoute des dizaines de variables et on est perdus. Et septiques. Et probablement un peu frustré(e)s aussi.

Sur quoi se concentrer ?

Exit les promesses : oui, chercher du matériel adapté est un casse-tête. Et c’est d’ailleurs en partie pour ça que les métiers autour de son adaptation florissent depuis quelques années. C’est un casse-tête et ça coute en plus, à force, pas mal de temps et d’argent.

En plus du coût, soulignons également que parfois, pour des chevaux au passif compliqué ou ayant une relation à la main conflictuelle, cette recherche et l’impermanence des solutions peut faire plus de mal que de bien.

Focus sur des problèmes réels

Recentrer sa recherche, c’est rechercher ce dont le cheval a vraiment besoin. Souvent, l’ensemble des problèmes d’un cheval n’est pas forcément pertinent à prendre en compte pour choisir son mors. Certes, l’environnement du cheval est important (pieds, alimentation, contacts sociaux, etc), mais il faut apprendre à les hierarchiser.

Un petit exemple

Prenons l’exemple d’un cheval pour lequel l’ostéo/kiné travaille constament autour de la nuque. Le cheval a peut être la nuque effectivement « sensible »1, la/le cavalier(e) cherchera peut-être un équipement permettant de dégager la nuque. Ou d’alléger les pressions. Ces équipements (bridons, souvent) ont un coût relativement élévé.

Obnubil(é)e par la nuque que le cavalier trouves alors « trop » sensible pour pour une têtière normale, il aura cherché le bridon qui convient autour de cet aspect particulier. Rappelons qu’il est très rare qu’un équipement dessiné sur une population donnée, convienne à une autre population.

Il faut savoir qu’au niveau du bridon et si le matériel rend la nuque sensible (par exemple une têtière tout le temps dans les oreilles, une mauvaise répartition des appuis…), dans la majorité des cas2 où l’inconfort est avéré, ce n’est pas la têtière le problème mais… le frontal.

En définitive, si le cavalier change son bridon (ou certaines pièces) de façon à avoir un frontal bien adapté, alors il aura de forte chances de résoudre aussi sa « problématique » au niveau de la têtière. Et de ce côté là, les équipements sont, de fait, bien moins complexes. Et donc bien moins chers, mais répondent à une même problématique.

Faire simple, mais efficace

Plus que la simplicité du bridon, c’est le fait qu’il soit bien conçu, adaptable et surtout qu’il convienne bien au cheval qui le porte qui change la donne. Pas de gêne, les bons réglages et c’est parti !

La situation de chaque cheval peut donc être complexe, mais les solutions doivent prioritairement être simples en première intention. Complexifier peut se révéler nécessaire bien entendu, mais pas des le départ. Partir d’outils simples, de conception mais aussi de lecture, permet également d’isoler plus facilement ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. À l’inverse, un matériel trop complexe ou/et trop spécifique, rend la lecture de la situation bien plus compliquée.

  1. Bien qu’il ait été démontré que la sensibilité est toute relative en l’absence de lésions ou/et pathologies particulières ↩︎
  2. Analyse statistique menée par Ergoequine, de mars 2019 à novembre 2021 et portant sur 451 dyades cavalier-cheval ↩︎