Anneaux et branches

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Il existe des dizaines de formes d’anneaux et de branches à associer à l’embouchure1. Avec une variété aussi étendue, nous pourrions nous attendre à de vraies « valeurs ajoutées » techniques pour les mors…Mais finalement, pas tant que ça. En effet, les anneaux au sein d’une même famille peuvent avoir des fonctionnements strictement similaires.

En bref !

Dans l’adaptation d’une embouchure et la recherche de la bonne combinaison pour son cheval, les anneaux ont une place relativement anecdotique. En effet, le plus gros de l’adaptation du mors à son cheval se passe à l’intérieur de la bouche. Ainsi, les anneaux peuvent être considérés comme un « plus », mais ne doivent pas orienter à eux seuls le choix d’une embouchure ! Tout comme pour la partie « en bouche », les anneaux les plus simples possibles sont à privilégier en première intention. À ce titre, les anneaux libres se distinguent par une grande facilité de fonctionnement et une polyvalence à toute épreuve.

L’utilisation des embouchures pourvues de branches, en utilisation seule ou combinée sur une bride, doit faire l’objet d’une réflexion. Une bonne indépendance des aides est en effet nécessaire pour espérer communiquer efficacement avec ces outils. Leur conception et leur fonctionnement les rend plus facilement sévères dans des mains non-entraînées. Les branches ne doivent être ni trop courtes, ni trop longues, 70 à 75 mm étant la norme. De plus, la gourmette doit être absolument réglée de façon à entrer au contact du menton au bon moment, à 45° environ de la bascule du mors sous l’action des rênes. Trop tôt (gourmette trop sérrée), elle provoquera une douleur aigüe localisée sous le menton du cheval. Trop tard (gourmette trop lâche), les forces transmises via les rênes seront redistribuées vers la nuque, avec un facteur correspondant à l’avantage mécanique des branches et pouvant aller j’usqu’à 1.5.

Un mors à branches ne devrait être en position pleinement engagée que très brièvement.

Les grandes catégories d’anneaux

Il existe une grande variétés d’anneaux, que nous pouvons classer en 4 catégories principales :

  • Libres : chantilly, 4 anneaux2
  • Semi-libres : 3 anneaux, Pessoa, chantilly à passes…
  • Fixes : olives, verdun, aiguilles, spatules…
  • Branches : pelham, mors de bride…

Bien que leurs formes soient particulièrement variées, leurs fonctionnements se rapprochent les uns des autres pour une même catégorie. Pour tout mors dont le montant et les rênes sont attachés au même anneau, le comportement du mors dans la bouche est le même. Pour tout mors dont le montant est attaché au dessus de l’anneau où est attachée la rêne, le comportement du mors dans la bouche est le même.

Le fonctionnement des anneaux dépend de la position du centre de rotation de l’embouchure (les canons, vus de côté en gris sur les schémas) et des positions auxquelles sont accrochées montants de mors et rênes. Sous l’effet de ses dernières, le mors va d’abord tourner, plus ou moins selon sa conception et la distance évoquée précédemment, puis remonter dans la bouche. Image : @Ergoequine

La position de(s) centre(s) de rotation(s) par rapport au(x) point(s) d’application des forces a une incidence sur le moment cinétique d’un système. Plus simplement, plus l’axe de rotation de l’embouchure est éloigné du point de fixation du montant du mors et/ou de la rêne, plus le fonctionnement du mors sera « rapide »3. Plus ils seront rapprochés, plus il sera « lent ».

Le choix de l’anneau dépend très fortement de l’embouchure en elle-même, de sa forme et du nombre de ses brisures et est à adapter au cas par cas. Les anneaux peuvent également être combinés sur certains designs.

Libres

L’anneau le plus simple et le plus polyvalent est l’anneau libre. Il est aussi appelé « chantilly » ou « simple » selon les habitudes.  Il permet à l’embouchure de basculer rapidement dans sa position de travail4. De plus, ce type d’anneau permet des variations de position une fois au contact. Le cheval peut en effet bouger sa langue sous le mors. Comme les canons coulissent sur des anneaux libres, il a alors l’occasion de se sortir éventuellement de situations inconfortables.

Les anneaux fixes devraient être le type d’anneau « de base » à privilégier.

L’anneau libre (ou chantilly ou simple) est le plus polyvalent et le plus « facile à vivre ». Image : @Ergoequine

Fixes

Les anneaux fixes sont solidaires des canons du mors : les canons tournent et les anneaux également. Il n’y a donc pas de temps de latence entre bascule de l’anneau et bascule du canon associé. Il s’agit dont d’un contact un peu plus direct, préféré par certains chevaux et cavaliers pour la sensation de stabilité qui accompagne ce genre d’anneaux.

Les anneaux fixes ont également la particularité d’être au contact des lèvres externes du cheval. Ce contact ajoute un stimulus physique et permet généralement d’appuyer les demandes latérales.

Quelques anneaux fixes, de gauche à droite : verdun (ou D-ring), olive et aiguille. Il existe plusieurs déclinaisons de formes et d’encombrement, mais le principe reste le même. Image : @Ergoequine

Semi-Fixes

Les anneaux semi-fixes mixent les particularités des deux catégories précédentes. Les canons peuvent se déplacer le long de l’anneau, mais leur rotation fini par être arrêtée par des éléments constitutifs de l’anneau. En outre, les montants de mors et les rênes ne sont généralement pas accrochés aux mêmes endroits. Ces différentes configurations possibles permettent des variations dans le fonctionnement du mors sous la tension des rênes.

Quelques anneaux semi-fixes. Les rênes peuvent être accrochées à l’anneau principal, où se situent aussi les canons ou dans les anneaux déportés. Les passes à l’intérieur des anneaux permettent également des variations. Image : @Ergoequine

Particuliers

Il existe enfin des anneaux particuliers, qui rentrent difficilement dans les catégories décrites précédemment. Il en existe là encore une certaine variété, nous verrons ici les plus communs.

De gauche à droite : baucher, 4 anneaux, fulmer. Ces mors entrent difficilement de façon stricte dans les catégories vues précédement, leur fonctionnement étant trop éloigné ou la combinaison les rendant difficiles à distinguer. Image : @Ergoequine

Le mors baucher a la particularité d’avoir non pas la possibilité d’accrocher les rênes en déport vers le bas, mais d’accrocher les montants du mors en déport vers le haut. Vous pouvez retrouver des informations à son sujet en cliquant sur cette phrase. Le mors 4 anneaux permet d’accrocher les rênes à un anneau et les montants à un autre anneau, complètement décorrélé des canons. Cette configuration rend le contact un peu plus « indirect ». Attention, le risque de pincement est plus élevé, ainsi que le risque d’allonger le délai de traitement des intentions du cavalier par le cheval. Le fulmer est quant à lui un mix entre un anneau à aiguilles (ou à spatules) et un anneau libre.

Les branches

Il existe également des mors pourvus non pas d’anneaux, mais de branches. Les mors à branches peuvent être des mors de filet ou des mors de bride et s’utiliser à 2 ou à 4 rênes.

Cas des mors de filet à branches

Les mors de filet à branches sont généralement utilisés à 4 rênes, permettant d’exploiter à la fois le comportement d’un mors plus simple (voir paragraphes précédents) et la rotation accrue de l’embouchure lorsque les rênes sont positionnées en bas de la branche. Les mors goyo-aga peuvent être assimilés dans leur fonctionnement à un pelham plus court. Le principe est relativement similaire aux mors pessoa, à la différence que les pelhams sont fixes et potentiellement plus sévères encore en cas de mauvais réglage/utilisation.

L’idée derrière un pelham est d’avoir certaines possibilités offertes par la bride en termes de diversification des stilmuli (2 comportements possibles, 2 paires de rênes pour les différencier), tout en conservant un seul mors en bouche. Malheureusement, dans la pratique, les pelhams sont souvent montés en alliance, avec seulement 1 paire de rênes, en faisant des outils finalement peu clairs, plus contraignants et moins subtils.

Cas des mors de bride

Les mors de bride sont des mors s’utilisant en plus d’un mors dit de « filet de bride » et possédant des anneaux plus petits que les anneaux standards. Les deux embouchures doivent parfaitement être séparées dans la bouche du cheval. Dans le cas contraire, l’intérêt de deux mors devient caduque. En outre, les informations deviennent très peu claires pour le cheval. Ils sont également obligatoirement pourvus d’une gourmette, dont le réglage précis est absolument nécessaire.

Bien qu’il existe une taille standard (entre 70 et 75 mm) de longueur de branches, il peut y en avoir des plus courtes (<70 mm) ou des plus longues (>75 mm). La longueur de la branche change la rapidité avec laquelle le mors sous l’action des rênes atteint le moment où la gourmette entre au contact du menton. Il ne faut pas faire l’erreur de croire que des branches plus courtes sont « plus sécures » : la gourmette entre bien plus vite au contact.

Les mors à branches (ici des branches de mors de bride) peuvent être de différentes longueurs. Cela a une incidence sur le comportement de l’embouchure. Image : @Ergoequine

Une « fausse gourmette » peut également être rajoutée sur les mors de bride. Son rôle est de stabiliser et de maintenir en place la gourmette, pour qu’elle entre au contact du menton systématiquement au bon endroit. Lorsque les branches sont standard ou longues et/ou que le matériel prend beaucoup de place sur la tête du cheval, l’usage d’une fausse gourmette est recommandée.

L’usage de la bride : nécessaire ?

Objet controversé, boudé ou au contraire encensé, la bride fait couler beaucoup d’encre. Plaçons nous du côté du pratico-pratique et regardons l’outil avec neutralité.

Premièrement, la bride n’est pas une nécessité, un but à atteindre ou un accomplissement équestre. La bride fait partie des outils envisageables, si l’on est prêt techniquement à en faire usage et si on en ressent le besoin. Il est possible d’aller très loin dans le dressage d’un cheval sans que ce besoin se fasse ressentir, tout comme l’inverse peut se révéler vrai également. Le tout c’est que si on en fait usage, cet usage soit correct : le bon matériel, bien réglé, bien utilisé et sécure pour le cheval.

Quel avantage par rapport à un bridon classique ?

Une bride apporte un mors supplémentaire. 2 embouchures, ça veut dire plus de stimuli. Mais aussi, plus d’association de stimuli possibles, où chaque mors a une gamme de codes propre appelant des réponses différentes. En bref : la bride est un outil technique avec une codification riche.

Pour fonctionner correctement et apporter de la nuance aux actions des deux embouchures, il faut veiller à ce qu’elles soient parfaitement séparées. Si elles sont proches ou se chevauchent, nous risquons de créer un seul “bloc”, comme un très gros mors. Non seulement ce n’est pas confortable, mais en plus c’est pas clair du tout. Donc, il faut associer un mors de filet de bride et un mors de bride qui permettent cette dissociation. Pour que le cheval puisse distinguer de quel mors proviennent les informations et y répondre efficacement.

Anecdote : l’invention et les premiers usages de la bride sont attribués à Frederico Grisone, écuyer Italien du XVIe siècle. Elle était originellement composée de rênes bilatérales accrochées à une muserolle5 et d’un mors à branche dans la bouche.

Tenue correcte exigée…des rênes !

Il y a également une chose à savoir avec l’usage d’une bride, c’est que pour bien séparer le fonctionnement des deux embouchures, il faut mieux adopter une tenue qui le permette. La tenue des rênes dite « à la française » est ainsi la plus optimale pour tenir ses rênes. Arrive en seconde position la tenue « à l’anglaise » et en dernier la tenue croisée.

  1. Embouchure = Partie en bouche du mors ↩︎
  2. Particularité pour le 4 anneaux : les montants de mors et les rênes ne sont pas accrochés au même anneau, mais chacun sur un anneau différent. Cela permet de décorréler l’action des rênes de sa répercution sur les montants ↩︎
  3. Plus le bras de levier est long, plus le moment de la force est grand ↩︎
  4. La position de travail d’une embouchure correspond au moment ou elle a basculé à son maximum sous l’action des rênes ↩︎
  5. Équivalent du side-pull ↩︎