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Vous avez toujours les poignets « cassés » ?

Votre coach a jetté l’éponge à force de vous dire de vous redresser ?

Coudes, poignets et bouche du cheval alignés, main liante qui suit la bouche du cheval, coudes au corps et buste ouvert…En théorie, tenir ses rênes pourrait relever du « non sujet ». Et pour obtenir tout ça, vous pouvez soit le conscientiser 400x par séance et rendre votre coach zinzin…

Soit vous faire aider : par vos rênes !

En bref !

La pleine fermeture de tous les doigts sur et/ou sous les rênes assure à elle seule une chaîne d’effets sur la posture du haut du corps du cavalier. La verticalité des poignets, entraînée par cette préhension aisée, permet de réaxer les coudes au corps. Et ceci permet d’obtenir un thorax ouvert et maintenir une posture redressée du haut du corps. Beaucoup de conséquences plutôt intéressantes découlent donc de ce qu’il se passe dans vos doigts.

La facilité (ou non) avec laquelle vous allez pouvoir tenir vos rênes dépend en premier lieu de leur largeur et épaisseur. Il faut donc les choisir en relation avec la taille de vos mains. Des paumes larges n’auront pas de mal à fermer les doigts autour de rênes assez larges et/ou volumineuses, là où des paumes plus petites pourraient être embêtées…

Mais il y a autre chose !

En effet, la tenue de vos rênes fait appel à des mécanismes psychomoteurs parfaitement inconscients. Et à un critère bien plus subtil : le matériau et son coefficient de friction1. Nos mains de cavalièr(e)s ont un coefficient de friction (assez haut) et les rênes en ont un aussi, qui peut être bas (par exemple : rênes en cuir) ou haut (rênes en caoutchouc). La surface du matériau est importante car elle peut tromper votre cerveau sans même que vous vous en rendiez compte. Et vous conduire inconsciemment à exercer plus de force que souhaité ou perçu dans vos rênes.

Le choix des rênes n’a donc rien d’accessoire et ces dernières peuvent vous amener des facilités non négligeables à cheval.

La préhension

La préhension est le processus par lequel un individu saisit, attrape ou manipule un objet à l’aide de ses mains2. En ergonomie, ce terme désigne la capacité à exercer une prise ferme et précise sur un objet. Cette capacité est influencée par des facteurs propres aux rênes, tels que la forme, la taille, et la texture de l’objet. Notons que la force et la coordination musculaire de la main ou des membres utilisés entre également en ligne de compte.

La préhension des rênes est un élément crucial dans la communication entre le cavalier et le cheval, influençant directement sa qualité. La section des rênes, joue un rôle déterminant dans la facilité avec laquelle le cavalier peut saisir et maintenir une prise efficace.

Largeur des rênes : un critère important

Par exemple, des rênes avec une section plus épaisse peuvent offrir une meilleure prise en main, réduisant la fatigue des mains du cavalier, mais peuvent également limiter la sensibilité nécessaire pour des ajustements fins. En revanche, des rênes plus fines peuvent améliorer la sensation et la précision des commandes, mais elles peuvent entraîner une prise moins confortable, surtout si elles sont rigides.

Des études3 montrent que les caractéristiques ergonomiques des rênes influencent la performance et le confort, soulignant l’importance de concevoir des rênes adaptées aux besoins individuels des cavaliers et des chevaux. Ainsi, la conception optimale des rênes nécessite un équilibre entre la prise en main confortable pour le cavalier et une réponse précise pour le cheval.

Attention toutefois aux largeurs de rênes trop faibles. Au lieu de contribuer à une préhension facilitée, elle aura tendance – tout comme la texture évoquée ci-dessous – à vous faire forcer inutilement. Gardez donc une largeur raisonnable. Les rênes les plus fines sont les rênes de brides et pour cause : elles ne sont « manoeuvrées » qu’avec deux doigts. Pour des rênes de filet, il faut un peu plus de largeur que cela.

La texture

La préhension d’un objet est influencée par une combinaison complexe de facteurs psychomoteurs et neurologiques ainsi que par les caractéristiques physiques de l’objet lui-même, telle que sa texture. La friction entre les mains du cavalier et les rênes joue un rôle central dans cette dynamique. Une prise efficace nécessite une friction adéquate pour prévenir le glissement, réel ou suggéré, des rênes.

Premier exemple : rênes en cuir lisse

Considérons deux types de rênes avec des coefficients de friction distincts pour illustrer cette notion. Les rênes lisses en cuir, qui ont un coefficient de friction relativement bas, offrent une surface moins adhérente. Cela signifie que les mains du cavalier ont tendance à glisser plus facilement sur ces rênes, nécessitant ainsi une prise plus ferme pour maintenir le contrôle. Cette assertion peut être réelle (les rênes glissent vraiment) ou suggérée, c’est à dire que le cerveau fait une interpretation de ce que l’on voit. Ici, le fait que les rênes soient lisses peut « suggérer » qu’elles glissent.

En conséquence, les cavaliers exercent souvent une force plus importante sur les rênes en cuir lisse pour compenser ce manque d’adhérence. Cette force accrue peut entraîner une tension plus importante dans la bouche du cheval. Sur une action « trot-arrêt », cette différence peut atteindre 10N4 par rênes.

Ici les rênes sont en cuir…mais ne sont pas lisses ! Malgré un coefficient de friction bas pour le cuir, la forme des rênes entraînent une meilleure préhension. Comme elles ne sont visiblement « non lisses », le cerveau interprètera qu’il faut moins de force pour les maintenir.

Second exemple : rênes en caoutchouc texturé

À l’opposé, des rênes en caoutchouc dotées d’un grip antidérapant, présentent un coefficient de friction plus élevé. Cette surface texturée permet une meilleure adhérence, réduisant ainsi le risque de glissement des mains. Réel ou suggéré, là encore.

L’optimisation du design des rênes, en tenant compte des propriétés de friction et de texture, est donc essentielle. D’autant que des résultats d’études mettent en lumière une divergence significative entre la perception du cavalier et les mesures objectives de la tension des rênes. Alors que le cavalier percevait une tension lisse et uniforme, les données montraient une réalité bien plus complexe avec des fluctuations importantes. Cette différence s’explique par la nature subjective de la perception tactile humaine, influencée par de nombreux facteurs sensoriels…

Choisir ses rênes en conséquence

Les rênes et le mors servent de moyens de communication mécanique entre le cavalier et le cheval. Ce système de communication repose sur des pressions et des relâchements, permettant au cheval de répondre aux indications du cavalier.

La force exercée sur les rênes varie au cours du temps, constamment. En réalité, la tension des rênes est caractérisée par des pics réguliers. Leur fréquence et magnitude varient selon l’allure du cheval. Par exemple, au trot (rythme en deux temps), nous pouvons observer deux pics de tension par foulée, correspondant aux phases de soutien des membres diagonaux du cheval. Au galop (rythme en trois temps), un pic distinct apparait, coïncidant avec le moment où le cheval est soutenu par une paire de membres diagonaux.

À gauche : tension des rênes dans la rêne gauche (ligne sombre) et la rêne droite (ligne claire) pendant deux foulées complètes au trot. Droite : tension des rênes dans la rêne gauche (ligne sombre) et la rêne droite (ligne claire) pendant deux foulées complètes au galop – MEASUREMENT OF REIN TENSION DURING HORSEBACK RIDING USING STRAIN GAGE TRANSDUCERS

À ces variations de tension, il faut ajouter les questions de latéralité du cavalier et du cheval, qui peuvent également avoir de l’influence…

Quelques repères

Regardez vos mains et analysez ces points :

  • Taille globale des mains : plutôt grande ? Petites ?
  • Paumes : larges, étroites ?
  • Doigts : longs, courts ? Fins, épais ?

Vous pouvez également saisir différents types de rênes et regarder sur lesquelles vous êtes le plus confortable. Sachez que la largeur et l’épaisseur sont les points les plus importants dans le choix des rênes, devant la texture. Des rênes étroites mais épaisses peuvent offrir une excellente préhension !

Regardez ensuite votre façon de tenir les rênes. Plus vous avez de doigts fermés dessus : mieux c’est. Le petit doigt (auriculaire) a une importance fondamentale dans la fermeture de vos mains. Par effet cascade, il peut vous permettre à lui seul de redresser votre buste et ouvrir vos épaules. Privilégiez donc des rênes qui ne vous font pas forcer pour fermer vos petits doigts.

Au niveau de la longueur, il faut que vos rênes forment un « flot », soit un surplus de rênes qui retombe sur le côté. Cette surlongueur est une sorte de sécurité : il faut que vous puissiez garder vos rênes dans les mains lorsque votre cheval étend pleinement son encolure. Attention toutefois à ne pas avoir un flot qui soit trop long, au risque de voir vos rênes se coincer. La longueur dépend donc de votre propre positionnement, de l’encolure de votre cheval et de son attitude. Leur longueur doit vous permettre de couvrir toutes ces éventualités.

Enfin, gardez à l’esprit que la texture de vos rênes a une grande importance. Si vous avez déjà tendance à avoir « la main lourde », privilégiez des coefficients de friction élevés. Par exemple avec des rênes texturées et/ou ayant un grip important.

  1. La friction, c’est la force de glissement et la force de maintien exercées par deux surfaces en contact ↩︎
  2. Ou autre, mais il n’en sera pas question ici. Il est à noter que les cavaliers « para » peuvent utiliser leur bouche pour commander leurs rênes. ↩︎
  3. Voir la page Sources & Ressources ↩︎
  4. Soit environ 1kg ↩︎