Ce site s’appelle Le Grand guide des embouchures, mais nous allons discuter d’autres outils du contact : les ennasures. Si les mors sont les outils du contact les plus utilisés et ceux sur lesquels se basent les différentes techniques équestres, il existe également d’autres outils, comme le side pull. Et depuis une quinzaine d’années, ils n’ont plus vraiment un statut de outsiders. Comme tout outil du contact, il existe des informations bonnes à savoir et des réflexes bons à avoir. Nous en parlons dans ce chapitre.
Par ailleurs, la quasi-totalité du Grand guide des embouchures est utile pour qui monte « sans mors ». Seule la catégorie « Choix du mors » parle uniquement de l’outil « mors », le reste fait partie des connaissances générales.
Fonctionnement d’une ennasure
Les ennasures sont des outils du contact, dont les stimuli s’appliquent non pas dans la bouche du cheval, mais au niveau de son nez. Ils peuvent être localisés sous la muserolle ou s’étendre sur d’autres parties de la face du cheval. Dans l’idée de monter à cheval avec les mêmes possibilités qu’en mors, en équitation classique, toutes les ennasures ne se valent pas. Certaines, comme sidepull, bitless, hackamores, se prêteront plus volontiers à l’exercice.
Attention : le licol en corde, aussi dit “éthologique” n’est pas une ennasure adaptée pour monter au contact. En effet, sa conception a pour objectif de se rendre très désagréable, sur des zones particulièrement sensibles de la face du cheval. De fait, le contact des noeuds du licol corde avec la face du cheval doit être ponctuel, jamais prolongé et jamais trop fréquent.
Dans tous les cas, les ennasures sont des outils qui permettent d’effectuer à peu près toutes les activités pouvant être faites avec un mors, en équitation classique.
Est-ce intrinsèquement “mieux” ?
La démocratisation des ennasures en équitation résulte d’une interrogation éthique à la suite de la publication de résultats d’études, démontrant la propension des embouchures à provoquer des dégâts physiques et des difficultés physiologiques chez les chevaux. Sans remettre ses résultats en question1, opposer systèmes avec et sans mors est un sacré raccourci.
Certains concepteurs de matériel ont également “surfé” sur le phénomène pour publier des études, particulièrement biaisées et comprenant de nombreux conflits d’intérêts, visant à alimenter la défiance envers les embouchures. Et renforçant la place d’alternative « éthique » des ennasures.
Il faut attendre quelques années pour que d’autres études d’impact voient le jour. Elles n’invalident pas les résultats des études portant sur les embouchures mais permettent de nuancer fortement la position des ennasures comme “sauveuses” des activités montées.
Ces résultats s’expliquent par la sensibilité des zones où s’exercent les stimuli des ennasures.
Motricité et sensitivité
Les muserolles des ennasures agissent directement sur les muscles et structures sensibles de la face du cheval. Contrairement à la langue qui peut partiellement répartir ou absorber les pressions exercées par le mors, les muscles faciaux ne disposent pas de cette capacité.
L’impact des ennasures, telles que les muserolles et autres dispositifs sans mors, sur les chevaux est un sujet qui a été abordé dans plusieurs études et recherches2. Contrairement au discours véhiculé, les chevaux montrent généralement des signaux d’infonforts à de plus petites tensions sur les rênes, lorsque celles-ci sont exercées sur la face. Cela est en grande partie dû aux types de nerfs des muscles très fins et d’aponévrose de la face. Pas de motricité et donc peu de possibilités de dévier les pressions en provenance de l’outil.
Ceci rend crucial le choix d’une muserolle adaptée pour diffuser les pressions transmises par les rênes.
Une muserolle agissante
Pour minimiser l’inconfort et éviter toute blessure, il est recommandé d’opter pour une muserolle plate et souple, mais sans être trop molle. Un bon équilibre est à trouver entre la souplesse et la rigidité, car une muserolle trop flexible pourrait manquer de précision, tandis qu’une trop rigide pourrait causer des points de pression douloureux. De plus, la largeur de la muserolle joue un rôle clé dans la répartition des forces : une muserolle large permet de mieux disperser les pressions, réduisant ainsi le risque de blessures. Cependant, il ne faut pas non plus qu’elle soit trop large, car cela pourrait nuire à la précision des aides et au confort général du cheval. Les muserolles en cuir, doublées et de largeur = ou> à 30 mm et < à 40 mm sont très bien pour cet usage.
Il est également conseillé de privilégier une fermeture sous l’auge, lorsque cela est possible. Ce type de fermeture limite les mouvements latéraux du bridon, assurant ainsi une meilleure stabilité de l’ensemble et évitant que la muserolle ne glisse ou ne frotte excessivement, ce qui pourrait irriter la peau délicate de la face du cheval.
Quant au réglage de la muserolle, que ce soit pour un side-pull ou un hackamore, il doit être effectué avec soin, comme n’importe quelle muserolle.
Quelles sont-elles ?
Il existe une grande variété d’ennasures disponibles actuellement sur le marché. Dans cette section nous en découvrirons quelques unes, uniquement les plus usitées et les plus polyvalentes. Comme pour tout outil, une des premières règles à observer est la simplicité de l’outil.
Laquelle choisir ? Side pull ?
Le choix d’une ennasure doit donc se faire sur les mêmes critères qu’une embouchure : en fonction de l’activité et des objectifs et donc, l’adéquation de l’outil avec ces derniers.
Toutefois, un outil se détache dans sa polyvalence, sa proximité de fonctionnement d’une ennasure et sa simplicité d’utilisation. Il s’agit du side-pull.
Le side pull est en effet une muserolle pourvu de 2 anneaux pour les rênes. Disposés de part et d’autre, ils permettent des actions de rênes directes et bilatérales. Le side-pull doit présenter les mêmes caractéristiques permettant l’adaptation et les réglages d’un bridon classique. La stabilité de l’ensemble le constituant (ennasure + bridon porte ennasure) va avoir un impact direct sur l’efficacité de celui-ci et sur le confort côté cheval. N’ayez donc pas peur d’insister encore et encore dans la vérification des réglages…
Pour faire la transition d’un mors à un side-pull, vous pouvez passer par une phase en mors droit.
Pourquoi faire ?
Peut-on obtenir les mêmes résultats « sans mors » qu’avec ?
C’est oui ! Pour répondre simplement à ces questions sans partir dans des questions d’équitation plus complexes : tant qu’on ne peut pas amener un résultat uniquement avec le mors, c’est qu’on peut le faire sans.
En ce sens, la plupart des activités équestres peuvent être menées en appliquant les stimulis du contact sur la structure anatomique de son choix. Si tant est que le cheval ait reçu une éducation à la codification du contact lui permettant d’en comprendre le sens.
L’attitude, la vitesse et l’équilibre du cheval sont en outre le résultat de plusieurs choses mises en place, pas uniquement de l’action faite sur le mors. C’est bien la force propulsive, “par les postérieurs”, qui amène les attitudes et la locomotion recherchées. Les jambes et l’assiette sont les principales protagonistes de ces demandes, la main étant là pour “recueillir” ce qui vient de l’arrière main. La main accompagne, cède au bon moment et ceci peut être fait autant en embouchure qu’en ennasure.
Un type d’outil n’est donc pas fondamentalement « mieux » qu’un autre. Par contre, tous les outils ne faciliteront pas forcément la tâche ou ne seront pas suffisamment clairs. De la même manière, un outil peut vous amener plus facilement, plus rapidement et/ou plus sainement au résultat. Le choix de l’outil ou de plusieurs doit donc encore et toujours être adapté à son cheval, à soi ET à son équitation !